尚弗朗索瓦・布倫
Jean-Francois Brun
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Information Fiction Publicité (IFP)
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文 / François Aubart

Jean-François Brun et Dominique Pasqualini fondent IFP - Information, Fiction, Publicité - en 1984, période marquée par un développement sans précédent de nouvelles technologies de communication, pendant laquelle Jean Baudrillard théorise son fameux simulacre. Ils se réunissent sous ce nom représentant une personne morale, définition empruntée au monde de l’entreprise qui leur permet de nier la posture, entachée de relents romantiques, de l’individualité de l’artiste et d’en déplacer la pratique. L’activité d’IFP, qui durera jusqu’en 1994, s’affirme comme subordonnée au fonctionnement de la diffusion d’informations de la société qui la voit naître. Ses réalisations se présentent comme le déploiement, dans l’espace de l’art, d’un outillage emprunté à celui de l’entreprise. À commencer par ce sigle, logo remplaçant la signature, dont la forme renvoie aux symboles du copyright et du trademark. Sa multiplication au fil des œuvres signale l’agonie de l’artiste dans un monde où tout circule sous forme d’information. Devenu marque de fabrique, le logo d’IFP représente cette personne morale qui n’est plus qu’un producteur comme un autre, travaillant dans un marché comme un autre. Ainsi, les Plots, sculptures en béton circulaires de quelques centimètres de haut, mises en rotation par un moteur, déplacent l’oeuvre au rang de cartel. Le nom qu’ils portent n’identifie pas une subjectivité autonome mais s’apparente plus à une marque déposée.

De cette conscience des enjeux de sa contemporanéité, IFP tire un certain nombre d’images génériques. Exposées le plus souvent dans des caissons lumineux, certaines ne montrent rien d’autre qu’un bout de ciel. On a ici affaire à une équation tautologique dans laquelle la chose représentée est de la lumière. Lumière qui permet à l’appareil photographique d’écrire les images. Lumière qui, dans ces caissons, rend les images visibles. On est en fait face à un constat, celui du remplacement du geste artistique par une activité de production ayant trouvé un fonctionnement autonome.

On comprend alors que les images utilisées par IFP n’ont pour qualité que d’entrer dans une mise en circulation dont les années 1980 ont constaté l’accélération exponentielle. Circulation dans laquelle tous les éléments se retrouvent au même niveau, subordonnés à un appareillage de transmission. Ainsi, les Tecteurs, caissons lumineux montés sur des tiges métalliques fichées dans des blocs de béton, montrent surtout un dispositif. Les images de plantes d’une banalité de papier peint qu’ils contiennent ne semblent avoir qu’une importance et un rôle secondaires. Il en est de même de ce mur couvert d’affiches, identiques à celles que l’on peut voir actuellement dans les rues genevoises, mises à disposition par une régie publicitaire. C’est encore le dispositif qui est exposé par ces installations où les cimaises accueillent des strapontins dont l’apparence sculpturale est déjouée par leur fonction. Ils invitent à s’asseoir, dos au mur, non pour contempler une œuvre mais le contexte de son apparition.

Si l’on peut saluer cette exposition qui, en réunissant un ensemble important d’œuvres, offre un éclairage sur ce travail peu montré identifiant la perte de toute signification stable dans la circulation d’informations, elle permet également d’envisager aujourd’hui - alors que se sont développés de nouveaux réseaux et technologies et que les Cultural Studies ont replacé l’utilisateur en leur centre - les déplacements auxquels se sont livrés les artistes qui se penchent désormais sur les questions liées à la diffusion.

Information Fiction Publicité (IFP), L’épreuve du jour, Mamco, Genève, du 20 octobre 2010 au 16 janvier 2011
 
 
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